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Très ancienne cuillère de prestige Dan
Bien qu’elle soit très érodée par les xylophages, cette cuillère Dan Dan Wa ke mia, est une très belle pièce de collection. Achetée d'une ancienne collection, elle a été collectée dans les années 40 En Côte d'Ivoire, dans la Région de Man. Les dimensions sont sur la photo 5.
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Cuillère de prestige Dan Wa ke mia très ancienne, plus de 80 ans, ce qui est considéré comme antiquités dans l’art africain. Ces cuillères étaient des récompenses données aux femmes les plus hospitalières du village. Bien souvent c’était des femmes de notables. Bien qu’elle soit très érodée par les xylophages, c’est une très belle pièce de collection.
Présentes dès la Renaissance dans les cabinets de curiosité, les cuillères font partie des premiers objets importés d’Afrique en Europe, dès le XVème siècle. La cuillère, alors considérée comme un attribut royal est un objet de prestige utilisé exclusivement par l’aristocratie l’africaine. En Côte d’Ivoire, en pays Dan, elle fait l’objet d’une grande créativité de la part des sculpteurs. La cuillère a différents usages, et différentes appellations selon son usage.
Les cuillères Dan sont de trois types :
« Mia na », petites cuillères de formes géométriques simples, utilisées par les personnes âgées pour se nourrir.
« Ya bo sie mia », cuillère de la femme principale du foyer, qui s’en sert pour préparer la nourriture.
« Wa ke mia », celle qui nous semble la plus intéressante dans la mesure où elle perd totalement sa valeur d’usage à des fins de prestige. La « Wa ke mia » est la grande cuillère cérémonielle qui appartient aux femmes les plus hospitalières de la tribu, les « Wunkirle » ou « Wakede ».
Femme mariée et très respectée, la « Wunkirle » est aussi une agricultrice remarquable capable de produire de quoi nourrir sa famille et de distribuer le surplus généreusement. Les productions matérielles des Dan, notamment au travers de leurs cuillères, montrent l'importance de la différenciation sexuelle des taches, à travers l'activité exclusivement féminine de préparation des banquets. Tout comme le cimier Tyiwara chez, entre autres, les Bambara, récompense l'agriculteur le plus productif, la cuillère Dan récompense la préparatrice de banquets la plus méritante. C'est donc un objet qui célèbre son possesseur et, lorsqu'il est magnifié par une figure humaine ou animale, est rare et précieux.
La « Wunkirle » prépare les festins, spécialement lors de rites de passage ou d’initiations. Elle est aidée par un esprit que contient la cuillère qui en est la matérialisation. Les histoires mythiques qui accompagnent cette matérialisation de la cuillère en tant que réceptacle d’un esprit sont nombreuses et justifient le respect que l’on porte à la fois à la détentrice de l’objet et à l’objet lui-même. L’une de ces histoires indique par exemple qu’un matin, une cuillère avait de façon inexplicable perdu l’extrémité de sa poignée. Il était dit qu’un soir, la cuillère avait participé à une rencontre des esprits des cuillères et avait eu une telle bagarre avec une autre cuillère qu’elle en avait perdu le haut de sa poignée.
Les Dan procèdent donc à une forme animiste élaborée qui intègre la présence d’un esprit dans du bois sculpté. C’est la raison pour laquelle on retrouve souvent des formes anthropomorphes ou zoomorphes.
La tâche de la femme se manifeste par la représentation d'un personnage, humain ou animal, comme partie prenante du récipient. Et c'est sous la forme de synecdoque que l'on retrouve souvent des traits féminins ou animaux entourant le cuilleron.
Le cuilleron peut donc faire office de tête humaine lorsqu'il est accompagné de jambes, comme dans les exemples suivants montrant une cuillère Dan de la collection Wolf et la célèbre cuillère Zoulou du Pavillon des Sessions du Louvre.
Le cœur de la cuillère peut également symboliser le ventre nourricier de la femme, en étant surmonté d'un visage fort et paré de tous les critères de beauté d'usage dans la culture d'origine. Ici, on retrouve un visage féminin Dan extrêmement travaillé, où la coiffe de cérémonie et les scarifications présentes sur plusieurs endroits du visage montrent un mélange de réalisme et d'idéalisation de la femme représentée.